Les générations entre Louis et François



J’ai récemment découvert l’excellent ouvrage Deux familles souches : les Delisle et les Chartrand de Jean Delisle avec qui je partage mon ascendance des origines jusqu’au milieu du XIXe siècle.

En plus d’être un texte riche en informations directement reliées aux ancêtres Delisle, c’est aussi une lecture remplie de contexte essentiel à la compréhension de la vie aux temps des régimes français et anglais. Je le recommande chaleureusement.

L’auteur nous décrit notamment en détails la situation de la terre de Louis Delisle dans la seigneurie de Dombourg (Neuville). Elle est située au nord de la rue des Érables et à l’ouest de la route Gravel :

« De sa terre dominant le fleuve, Louis peut contempler le frémissement de la lumière argentée sur les vagues (fig. 15). Encore de nos jours, on est envahi par le charme et la quiétude de ce paysage exceptionnel, où les odeurs des champs en culture se mêlent aux effluves salins de l’air marin. Le temps semble suspendu entre ciel et terre et le regard embrasse un horizon infini. » [1]

Parmi les fils de Louis, Jean-Baptiste est celui qui mène à nous. Jean-Baptiste S’est marié une première fois en 1699 avec Scholastique Mézeray avec qui il eut deux enfants mais Scholastique meurt en 1703.

« Après deux ans de veuvage, Jean-Baptiste se remarie à Neuville, le 26 janvier 1705, avec Marie-Anne Faucher. À l’expiration de son bail, il vient vivre sur la terre voisine de celle de son père, acquise de Mathurin Corneau, que sa mère lui cède. » [2]

La génération suivante est celle de Louis-Joseph, dit Joseph, qui épousera Marie-Anne Jugnac en 1735. Il s’établit à Deschmabault. Il joue un rôle de premier plan dans sa communauté à titre de capitaine de milice. l’engagement civique sera d’ailleurs un thème qui reviendra dans les générations suivantes. Au décès de sa femme, un inventaire de ses biens est réalisé :

« Leur valeur s’élève à plus de 1 600 livres. Il faut ajouter à cela une maison et trois terres et demie. Toutes ces terres acquises ou reçues de son beau-père font de Joseph un colon relativement à l’aise » [3]

Vient ensuite Augustin. Il est le quatrième enfant de Joseph et Marie-Anne. En 1761, son père, malade, lui permet à l’aide du procuration enregistrée chez un notaire, de se marier.

« Je soussignez Joseph Delisle Capitaine des milices à Déchambaut, donne pouvoir et consent, authorise augustin delisle mon fils de contracter mariage avec marie Josephte morrisset veuve adrien picher vivant habitant du cap Sancté, aux conventions, clauses et conditions licites qu’il jugera a propos inserer au contrat lequel j’approuve sans que ma presence y soit requise ny necessaire attendu mon indisposition qui m’enpesche dassister mondit fils, a un acte si célèbre, et si important a la charge qu’il ne pourra stipuller dautres droits que ceux qui luy sont avenus et echus par le deceds de Déffunte marie anne Gignac sa mere ma femme au jour de son deceds, dont l’usurfruit seulement entrera en la future communauté, ceux luy sortants n’ature de propres et aux siens de son estoc costé et ligne, fait a Déchambaut le 10e avril 1761.
Joseph Delisle » [4]

Augustin a été bailli (officier de justice) et marguillier de Cap Santé.

Au nombre des enfants d’Augustin, son fils Joseph lui succèdera sur la terre que lui lèguera son père de son vivant. Joseph et son épouse Thérèse Langlois auront 13 enfants dont deux iront vivre à Québec dans des maisons acquises par leur père au Faubourg Saint-Jean Baptiste.

Jean Delisle
Deux familles souches : les Delisle et les Chartrand

Cependant celui qui nous préoccupe est Jean qui, avec Henriette Richard, sera le père de mon arrière-grand-père François

Vous me permettrez par contre de faire un petit détour à propos d’un autre fils de Jean, Ferdinand dont le destin semble lié à celui de son frère François qui est de 6 ans son aîné. On retrouve en effet Ferdinand à Québec où il s’établit comme courtier et semble brasser de grosses affaires. Il tient un bureau sur la rue Saint-Pierre et se construit une maison sur la rue Scott directement en face d’où François tiendra son épicerie et construira cinq autres maisons. Comme certains de ses ancêtres, Ferdinand est engagé dans sa communauté. Il sera échevin à la ville de Québec et son frère François sera élu à ce poste par acclamation après son décès en 1891.

Jean Delisle nous raconte également cet événement qui fit la chronique à Québec et dans les campagnes :

« En 1887, le neuvième enfant de Jean et Henriette, Ferdinand DeLille (1847-1891) – c’est ainsi qu’il orthographie son nom –, échevin de la ville de Québec, courtier et agent de change, fait ériger un calvaire sur la terre paternelle, alors propriété de son frère Célestin.
 » [5]

Les journaux firent à l’événement une bonne place :

« Hier après-midi a eu lieu au Cap- Santé l’imposante cérémonie de l’érec­tion d’un calvaire sur la propriété de M. Célestin Delisle.

Plusieurs membres du clergé et des centaines de citoyens étaient venus de toutes les paroisses environnantes pour assister à cette belle fête.
[...]
Immédiatement après la cérémonie, M. et Mme Ferd. Delille convièrent chez M. Célestin Delisle, autour d’une table somptueusement servie, une cinquantaine de personnes dont plusieurs membres du clergé » [6]

.


[1DELISLE, Jean. Deux familles souches : les Delisle et les Chartrand, p.41

[2op. cit. p.66

[3op. cit. p.79

[4BAnQ, notaire Jean-Baptiste Guyart de Fleury, 10 avril 1761, minute 665. cité par Jean Delisle

[5op. cit. p.96

[6Le Courrier du Canada : journal des intérêts canadiens, 19 septembre 1887, lundi 19 septembre 1887